Edito
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La guerre en Ukraine met en exergue la dépendance de la France au pétrole et au gaz russes. Les appels se multiplient pour faire des économies et changer nos habitudes de consommation. Flambée des prix du pétrole, du gaz et de l’électricité, une situation qui n’est pas sans rappeler celle du premier choc pétrolier.

En 1973 comme aujourd’hui, c’est une guerre qui est à l’origine du chaos énergétique :  la guerre du Kippour en Israël. Les pays producteurs de pétrole décident donc d’un blocage historique. Les cours du baril sont multipliés par quatre. À la pompe, les automobilistes découvrent que les prix ont augmenté de 2,50 francs en une nuit. Le président Georges Pompidou invite les Français à « économiser l’essence et l’électricité ».

Avec le deuxième choc pétrolier en 1979, c’est le début de la célèbre «chasse au gaspi».

En 2022, les consignes sont les mêmes : il faut lever le pied au volant, améliorer l’isolation des logements, réduire la consommation de chauffage, limiter l’utilisation de la climatisation et de la lumière, au travail comme à la maison.

Les moyens de transports sont vite devenus insuffisants et il a fallu trouver une alternative : l’acheminement par pipelines sous-marins.

Les débuts de l’offshore pétrolier

Dans les années 70, face à la crise, l’extraction de pétrole offshore apparaît pour certains pays européens comme un moyen de réduire leur dépendance énergétique vis-à-vis des États du Moyen-Orient. L’exploitation des champs pétroliers et gaziers de la mer du Nord est une piste que vont suivre de nombreux industriels.

Le Royaume-Uni et la Norvège se lancent alors dans le développement de techniques de forage et de production offshore, c’est à dire à des centaines de km des côtes et en haute mer. Les compagnies pétrolières européennes développent des programmes de recherche colossaux afin de construire des  plates-formes pétrolières au large, permettant le forage depuis un engin flottant.

En mer du Nord, il faut s’adapter à un climat rigoureux, six mois de l’année. Les tempêtes connaissent des vagues pouvant atteindre plus de trente mètres de haut, soit l’équivalent d’un immeuble de dix étages. Lorsque ces plates-formes voient le jour, ce sont des géants de béton et de métal surplombant les vagues qui abritent les hommes venus assurer l’exploitation des puits.

Les compagnies pétrolières se  partagent « le gâteau » des zones pétrolifères situées entre les eaux territoriales britanniques et norvégiennes. L’ activité s’avère fort lucrative, mais se trouve rapidement victime de son succès car les puits produisent plus de pétrole et de gaz off-shore que l’on ne pouvait en acheminer à terre.

Souvent cité en exemple, le champ de Brent, exploité par Shell, produisait plus de 500 000 barils par jour, ce qui remplissait quotidiennement un énorme tanker ! Les moyens de transports sont vite devenus insuffisants et il a fallu trouver une alternative rentable : l’acheminement par pipelines sous-marins.

Les plongeurs soudeurs entrent en scène

Poser des kilomètres de tuyaux au fond de la mer fut une nouvelle aventure humaine et un défi technologique : les longueurs de pipes étaient assemblées et soudées sur un bateau qui les laissaient glisser dans les profondeurs au fur et à mesure de son avancée.

Mais cela n’a pas pu se faire sans une intervention humaine dans les fonds marins. Et c’est là, précisément que les plongeurs-soudeurs entraient en scène, pour finaliser des raccordements de pipes sous-marins à certains endroits stratégiques au niveau des plate-formes. Leurs chantiers visaient notamment à connecter les tuyaux par des  travaux de soudures qui ne peuvent se faire qu’au fond de l’eau, à de grandes profondeurs, grâce à la plongée en saturation.

Ces travaux nécessitaient un haut niveau de qualification détenu par une poignée de plongeurs au monde.

Théo Mavrostomos étaient l’un d’eux.

La Comex, un opérateur majeur de l’ingénierie mise en place à l’époque.

La pression était forte, l’argent coulait à flot et devait continuer à couler. Chaque retard pris dans un chantier se chiffrait en millions. Au bout de la chaine, des hommes sous pression, qui n’avaient pas droit à l’erreur.

Hommes sous pression et fonds en jeu

En Mer du Nord, mais aussi dans le golfe du Mexique, le Golfe Persique, en Afrique, aux Emirats Arabes Unis… Les enjeux financiers étaient colossaux pour les compagnies pétrolières, principaux clients de Comex. Les soudures devaient être parfaitement étanches et millimétrées donc exécutées à la perfection à des centaines de mètres de profondeur. Elles étaient répétées en simulation sur le site de l’entreprise marseillaise par les plongeurs-soudeurs qui devaient se «qualifier» pour chaque chantier.

La pression était forte, l’argent coulait à flot et devait continuer à couler. Chaque retard pris dans un chantier se chiffrait en millions. Au bout de la chaine, des hommes sous pression, qui n’avaient pas droit à l’erreur.

Installés au pied des plate-formes, sur des bateaux support comportant l’ensemble de saturation, les plongeurs se succédaient dans des caissons, empruntant quotidiennement un ascenseur pour aller travailler au fond 8 heures par jour. Dans une eau à 4 degrés, soumis aux conditions météorologiques et aux tempêtes.

Et ça a marché durant des années, sans que quiconque s’interroge à la pompe à essence sur la provenance de notre carburant.

Une crise chasse l’autre

Aujourd’hui les plateformes de Mer du Nord sont démantelées les unes après les autres sous le regard attentif des organisations environnementales.

Par ailleurs, l’alerte est donnée face la crise énergétique qui s’annonce et à l’indispensable transition écologique à opérer.

L’aventure du off-shore fait bientôt partie de l’Histoire, mais on peut compter sur l’ingéniosité de l’homme et sur le pouvoir de l’argent pour que jaillissent des solutions alternatives. En espérant que les coûts environnementaux et humains resteront au plus bas.