Au plus profond de la mémoire
Que faisiez-vous le dimanche 20 novembre 2022 ?
Avez-vous fêté ce record ?
J’étais tranquillement en famille. Mes amis m’ont invité à partager un verre autour de nos souvenirs, Jean-Yves Massimelli, Alexis Rosenfeld, Yann Gogan, et puis mes fidèles François Bernard et Michel Arnaud, tous deux techniciens de saturation. J’étais bien entouré et nous sommes revenus ensemble sur les épisodes de notre histoire commune, les plongées expérimentales aussi bien que les chantiers…
A Comex et à l’lINPP, vous a-t-on rendu hommage pour cet exploit?
Absolument pas et j’avoue que cela me désole un peu. J’ai le sentiment que les nouveaux acteurs de ces deux « institutions» ne se rendent pas compte de l’importance que ce record a pu avoir dans son époque. De ce point de vue , je suis plutôt amer, mais par chance mes amis et anciens collègues de travail sont là pour me rappeler ce que nous avons réalisé tous ensemble.
Hydra 10, 30 ans après : les souvenirs de ces 43 jours passés dans de caisson s’émoussent-ils ?
Absolument pas! Si les souvenirs d’ Hydra10 et de la conquête des profondeurs s’effacent pour les autres, pas pour moi (sourire)… Mais je ne me battrai pas pour que cette épopée, qui est tout autant celle de Comex, entre dans l’histoire contre-vents et marées. Il n’appartient pas qu’à moi de la faire vivre. Et ma carrière est derrière moi.
Les jeunes scaphandriers que vous formez en ce moment à l’INPP vous ont-ils parlé de l’anniversaire du record ?
Mes stagiaires n’ont pas attendu l’anniversaire pour m’en parler. Nombre d’entre eux, depuis des années, viennent me trouver, des jeunes du monde entier, dont certains me disent qu’ils sont arrivés à ce métier parce que je les ai fait rêver. Et c’est finalement la plus belle des reconnaissances.
Une surprise tout de même pour cet anniversaire ?
Oui, de nombreuses et parfois insolites… Par exemple la personne en charge de l’hyperbarie au sein de la Direction Générale du travail a pris son téléphone pour me souhaiter un « bon anniversaire » ! C’était très sympathique et décalé, alors que mon propre employeur n’a pas bougé d’un pouce (rire)! D’une manière générale, tous les témoignages me font chaud au cœur et dans ma vie, des rencontres, des échanges me rappellent chaque jour que j’ai été ce plongeur là. Méritant. Et admiré.
Que dites-vous aux jeunes stagiaires que vous accueillez ?
Je leur dis d’abord qu’il faut de l’amour pour faire ce métier, de l’amour pour cette profession, il faut de l’humilité, et de la discipline. De la discipline dépend la sécurité du plongeur.
A la retraite, envisagez-vous de continuer votre activité?
Je dois prendre officiellement ma retraite à 70 ans et deux mois, le 12 septembre 2022. Mais si on m’appelle pour de nouveaux projets, pour que je partage mon savoir-faire et mon expertise en matière de saturation, je serai toujours partant, à condition d’être en forme bien-sûr!
…Et comment vous sentez-vous ?
Je suis très en forme et je suis prêt à me « jeter à l’eau », pour une sat si on m’appelle ! (rire).